Merci à nouveau pour vos messages
Le jeune est à la maison et à préparer un autre sac, celui de la rentrée demain.
On reparlera de tout çà plus tard avec lui mais le débrief à chaud est le suivant:
C'était un peu dur car stricte le premier jour mais rien d'affolant et il ne comprenait pas pourquoi certains craquaient déjà alors qu'il ne se passait rien.
La nuit il s'est senti mal, vomissements étourdissements .. certainement un coup de chaud, et c'est le lendemain que son calvaire à commencé.
Il n'arrivait pas à reprendre le dessus physiquement et s'est mit à tomber dans les pommes
pendant les interminables séance de garde à vous.A partir de là il dit qu'il n'arrivait plus à faire la part des choses et à prendre sur lui. Tout lui semblait interminable.
Il dit, je cite "
je ne sais pas pourquoi mais à un moment j'ai vrillé d'un seul coup, c'était devenu insupportable, d'autant plus que ce qu'on nous demandait semblait avoir aucun sens. On te fait mettre au garde à vous et l'instructeur se barre je ne sais où, toi tu es là comme un con et tu te dis que si tu bouges t'es mort. On te dit de te mettre debout devant ton lit avant extinction des feux et on te laisse comme çà plus d'1h ... C'est sensé m'apprendre quoi ? les crampes ? A la limite fais moi laver les chiottes je comprends à quoi çà sert ! " Pas facile de comprendre comment il a vécu l'expérience mais de toute évidence il y a eu un point de bascule.
Je ne peux pas vérifier les chiffres qu'il me donne mais apparement les abandons sont nombreux: dans sa chambre de 4 un seul était encore là.
Je reste convaincu que c'est une belle filière et une excellente école, mais je pense que mon jeune n'était pas prêt dans sa tête pour ce bouleversement. Son coup de chaud l'a précipité vers la sortie mais c'est peut être le point positif de l'histoire : assez tôt pour la rentrée des classes
Je lui ai dit de ne pas s'en vouloir et ne pas se dévaloriser, il a déjà eu le courage d'essayer. Ce n'était sûrement pas pour lui tout simplement.
Pour le fun je lui ai mis la scène mythique du sergent Hartmann ( full metal Jacket )
Il a rigolé c'est bon signe.
Allez, au lit mon gars ! y'a école demain !
a+
Bonjour David,
Je ne peux pas rester muet devant ce témoignage.
Ce n'est pas de la formation mais de la brimade qui plus est avec des adolescents (ce qui est encore plus grave). 
Ces pratiques, si elles sont vraiment avérées, sont dignes d'un autre temps et passibles de plaintes devant la hiérarchie.
Comme je le précisais précédemment, j'ai passé 36 ans dans l'institution militaire et dans l'arme de l'infanterie, JAMAIS je n'ai connu ce style de commandement d'un autre temps absurde qui n'a aucun but si ce n'est satisfaire l'égo un petit "chef".
L'aguerrissement est loin de s'acquérir de cette manière,
il doit s'inscrire dans un objectif opérationnel en associant le personnel et surtout en expliquant tout l'intérêt .En outre, l'adaptation dans ce nouveau contexte et la progressivité sont les points clés surtout aujourd'hui où la plupart des jeunes (surtout à 16 ans) ne disposent pas d'un niveau physique et d'un mental suffisants.
L'ordre serré, pour l'avoir entre autre enseigné, doit être répétitif mais
court et selon une méthode pédagogique bien particulière en expliquant chaque geste, tout cela pour en acquérir les apprentissages.C'est probablement l'œuvre de petits gradés à qui l'on donne des responsabilités sans formation préalable et surtout sans contrôle. Ce qui est scandaleux.
Lorsque j'étais chef de section en école de formation à Saint Maixent l'école, je formais des garçons et des filles.
Une année, le commandement m'avait confié l'expérimentation d'une section dont le niveau physique était inférieur à la moyenne.
A l'incorporation du bataillon (environ 300 élèves) le service des sports de l'école, après des tests physiques, sélectionne 32 élèves les plus faibles.
Ces élèves, au niveau physique en retrait, sont regroupés pour constituer une section comme les autres.
Cette section s'appelait la SEPA (Section à Entrainement Progressif et Adapté).
Avec mon encadrement, nous devions amener ces élèves à un bon niveau physique à la fin de la formation (7 mois) afin de les préparer à leurs écoles de spécialités.
Non seulement les résultats ont été excellents mais en plus au dessus de nos espérances.
En effet, la cohésion qui en a résulté a transcendé les aptitudes physiques de ces jeunes élèves créant une motivation qui a surpassé leurs petits camarades des autres sections.
A Saint Maixent, le stage se termine par un raid (avec l'armement, le sac à dos, etc..) de 3 à 4 jours sur 60 à 82 kms.
Nous avons été la seule section du bataillon à terminer à effectif complet.
Enfin, le vieux dicton militaire "réfléchir c'est commencer à désobéir" combien de fois l'ai je entendu.
Aujourd'hui les missions opérationnelles et l'isolement des combattants amènent surtout à réfléchir même au plus bas niveau de la hiérarchie.
Alors certes, il existe toujours des actes appelés "acte réflexes" et "acte élémentaires" qui ne demandent pas une grande réflexion préalable néanmoins si le chef n'a pas acquis la confiance de ses subordonnés en pratiquant une autorité intelligente et de proximité, il est fort à parier que les choses risquent de mal se passer.
Je vais m'arrêter là car je pourrais écrire des pages (en toute modestie) sur l'exercice de l'autorité.
C'était mon domaine.
Je suis désolé pour ton fils et en même temps scandalisé .....
C'est vraiment dommage, j'aurai bien aimé discuter avec lui.
